Quelle sensation étrange de parvenir au point le plus septentrional de l’Europe continentale, à l’extrême nord, là où la Terre semble toucher ses limites. C’est l’accomplissement de notre première étape de voyage, une sensation à la fois étrange et empreinte de satisfaction.
On nous avait prévenus, cette étape ne serait peut-être pas la plus palpitante de notre périple, mais elle revêt une certaine finalité, un sentiment d’aboutissement indéniable.
Sur le panneau qui fait face au Cap Nord, une citation du premier explorateur à avoir atteint ces terres résonne encore aujourd’hui. Francesco Negri, un explorateur italien arrivé ici en 1664, a écrit dans son journal de bord : « Je suis arrivé au Cap Nord, tout au bord du Finnmark, et j’ose dire au bord du monde, puisqu’il n’y a pas de terre habitée par l’homme plus au nord. Cette affirmation me remplit de satisfaction, et je me retourne vers le Danemark, et, si Dieu le permet, vers le pays de ma naissance ».
Nous avons atteint ce cap précisément le 21 juin, comme nous l’avions planifié avant notre départ ! Nous avons eu la chance de vivre le solstice d’été, le jour le plus long de l’année, sans que le soleil descende sous l’horizon. À minuit, nous avions comme la luminosité d’un après-midi ensoleillé, et je peux vous assurer que cela perturbe profondément l’organisme qui n’a aucune envie de dormir.
En nous tenant au bord du Cap Nord, la mer s’étendait sur plus de 180 degrés autour de nous, et l’on réalise aisément que c’est là le bout du monde.
Nous avons été chanceux de contempler ce paysage sous un ciel dégagé, et nous en sommes profondément reconnaissants. Cette expérience restera à jamais gravée dans nos mémoires.